Hicham Boudaoui
Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel
par Rafik Youcef
EXCLU

EXCLU - Hicham Boudaoui : « Je n’aime pas tirer la couverture sur moi »

Avant de démarrer l’interview, Hicham Boudaoui repasse chez lui pour se changer. Désireux de ne pas faire l’entretien en survêtement, l’international algérien enfile un jean et se présente avec un sourire timide. Discret et réservé, le milieu de terrain de l’OGC Nice a forcé sa nature pour se dévoiler. Preuve de son intégration, la pépite niçoise a tenu à réaliser l’interview en français (avec quelques mots d’arabe). Pour la séance photo, le Fennec se lâche complètement : « Je tiens à faire le signe M avec mes doigts pour ma maman ». Discussion avec un homme épanoui.

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Voici quelques extraits de notre interview d'Hicham Boudaoui. L'intégralité de cet entretien de 8 pages est à retrouver dans le magazine n°341 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 3 juin. 

Numéro 341 : Onze d’Or 2021, KB9 en haut de l’affiche !

Enfance

EXCLU - Hicham Boudaoui : « Je n’aime pas tirer la couverture sur moi » - Hicham Boudaoui
Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel

Enfance 

Comment s'est déroulée ton enfance ? 

J’ai connu une enfance cool, en Algérie. On vivait proche du Sahara, pas loin du sable. Je vivais dans une petite maison, dans un quartier où tout le monde se connaissait. J’avais un bon cadre familial, je me sentais bien et à l’aise. Mon père travaillait à l’armée, ma mère s’occupait de ses enfants à la maison. Il n’y avait pas beaucoup de terrains de foot, on avait deux terrains en terre. J’ai tapé mes premiers ballons dessus.

Comment étais-tu à l’école ? 

Pour être honnête, j’étais un élève moyen. J’étais concentré sur le foot. Je me suis arrêté après la neuvième année (équivalent de la troisième en France, ndlr). Le foot et l’école, c’était difficile à gérer. Surtout que j’ai rapidement eu l’opportunité de m’entraîner avec les pros au Paradou.

Qu’est-ce qui t’a fait aimer le foot ? 

Depuis petit, je n’ai que le foot en tête. Je voulais faire comme mes frères qui jouaient tous au foot. Le foot, c’est une affaire de famille chez nous. D’ailleurs, je n’ai essayé aucun autre sport. La maison respirait le football. J’aimais regarder le foot à la télé, je kiffais le Barça. À l’époque, ils étaient trop forts, ils raflaient tout ! J’aimais le style de jeu de cette équipe, ils gagnaient les matchs avec la manière, c’était beau à regarder. Ronaldinho et les autres étaient incroyables. Ils proposaient un jeu de passes unique. 

Peux-tu raconter une anecdote marquante concernant ton enfance ? 

Quand j’étais petit, mon frère m’a amené au foot pour m’inscrire en club. Avant de commencer, l’entraîneur m’a dit : « Que veux-tu faire quand tu seras plus grand ? ». J’ai répondu : « Je vais être footballeur professionnel en Europe ». Ma réponse avait choqué le coach, il s’était dit : « Je ne sais même pas si je vais l’accepter dans mon équipe et il pense déjà à jouer en Europe » (sourire). 

Tu étais quel type de garçon ? 

J’étais un jeune très calme. Ma famille était derrière moi. Elle m’a inculqué des valeurs comme respecter les gens et ne pas se faire remarquer. Bon, je ne peux pas dire que j’étais un enfant parfait car j’étais moyen à l’école (sourire). 

Formation

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel

Comment as-tu intégré l’académie du Paradou ?

J’ai participé à un tournoi organisé par le Paradou et un entraîneur de l’académie m’a remarqué. Il a ensuite parlé avec mon coach. Il lui a demandé si je pouvais venir faire des tests pour rejoindre le Paradou. J’ai effectué de nombreux essais. À l’académie, le critère numéro un, c’est la qualité technique. J’ai eu un peu de mal durant les tests, car j’étais habitué à jouer avec des souliers. Et au Paradou, il faut jouer pieds nus. Et ça, c’était particulier. Après deux mois d’essai, j’ai été retenu par les coachs. 

Qu’as-tu appris en jouant pieds nus ? 

La maîtrise technique. Quand tu joues pieds nus, tu développes ton toucher de balle. De base, j’étais déjà bon techniquement avant d’arriver au Paradou. Mais à l’académie, j’ai énormément progressé. 

Comment as-tu fait pour t’adapter dans ce nouvel environnement au milieu de jeunes arrivant de différents horizons ? 

Assez simplement. Tu sais, quand tu es calme, tout le monde t’aime et t’adopte très vite. Tout le monde voulait rester avec moi. Ma seule difficulté, c’était d’être loin de ma famille. Avec les autres jeunes venant d’un peu partout, ça se passait très bien. Ma personnalité était très appréciée des autres. J’étais calme, gentil, je respectais tout le monde, les autres voulaient m’aider et me mettre à l’aise pour que je me sente bien.  

Peux-tu raconter le quotidien d’un jeune académicien du Paradou ? 

Le matin, on se rendait à l’école entre 8h et 10h. Ensuite, on avait entraînement à 10h30. La séance du matin était uniquement basée sur la technique : 45 minutes de jonglerie et 40 minutes de toro. On mangeait vers 12h30. À 13h30, on retournait à l’école pendant deux heures. Après, on avait une deuxième séance d’entraînement. L’après-midi, on faisait beaucoup de jeux, oppositions, des 4 vs 4, etc… En fin de journée, on avait le droit de récupérer nos téléphones pour appeler nos familles. À 20h, on prenait le repas avant de rentrer dans nos chambres. L’ambiance était parfaite. On était jeunes, on passait du temps tous ensemble dans les chambres à rigoler et à discuter. On venait de différentes régions de l’Algérie, mais on s’entendait tous très bien. 

À quoi ressemblaient vos discussions ? 

On parlait de tout, on s’entendait tous bien, on rêvait tous d’Europe. On pensait tous à la même chose : faire une carrière en Europe. On se disait : « Toi tu aimerais jouer où ? », « Et toi ? ». On avait tous le même objectif. Moi, j’étais déterminé à accomplir mon rêve. Je bossais dur pour partir. Les entraîneurs nous accompagnaient comme ils pouvaient pour nous aider à atteindre nos objectifs, ils nous donnaient beaucoup de force. Ils nous répétaient : « Si tu travailles dur, tu vas y arriver » ou encore : « C’est le travail qui va te permettre de réaliser ton rêve ». Ils nous conseillaient beaucoup. 

Comment as-tu tiré ton épingle du jeu par rapport aux autres ? 

Grâce à mon travail et mon sérieux. J’étais à l’écoute des entraîneurs et je faisais tout à fond ! C’est pour ça que j’ai bien progressé. 

Le Paradou est réputé pour être l’un des meilleurs centres de formation d’Algérie. Qu’en dis-tu ? 

Je suis d’accord. De nombreux joueurs sont sortis de cette académie. Au Paradou, le travail effectué est remarquable. Malheureusement, en Algérie, il n’y a pas beaucoup de bonnes structures pour les jeunes. Au Paradou, tout est réuni pour qu’on réussisse. On était encadrés comme des joueurs professionnels. Le Paradou, c’est la meilleure académie en Algérie. 

Paradou  

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Icon Sport

Te souviens-tu de tes débuts professionnels avec le Paradou ? 

C’était face à l’USM Alger, j’étais entré à la 70ème minute de jeu. J’étais un peu stressé. Après ma première passe, je me suis bien senti, j’étais plus relâché. À la fin du match, j’étais très heureux d’avoir fait mes débuts avec les pros. Après ce match, j’ai enchaîné. Plus j’accumulais du temps de jeu, plus j’engrangeais de la confiance. L’entraîneur me mettait à l’aise. Il me disait tout le temps : « Joue comme tu sais faire ». 

Comment juges-tu le niveau du championnat d’Algérie ? 

Je n’ai pas beaucoup joué dans le championnat algérien, je n’ai joué qu’un an et demi. Je pense que c’est un bon championnat, mais je ne peux pas vraiment juger, car je n’ai pas assez joué en pro. Dès que je suis monté avec les pros, je n’avais qu’une chose en tête : « Travailleur dur, jouer, me faire remarquer et aller en Europe le plus rapidement possible ». Je ne voulais pas rester longtemps avec les pros en Algérie. 

As-tu une histoire marquante à raconter concernant ton passage au Paradou ? 

En début de saison, pendant la préparation, j’étais posé avec une personne qui travaillait au club. On discutait et je lui ai dit : « Le championnat va démarrer, je vais faire une saison complète, je vais jouer tous les matchs et terminer avec 30 matchs complets ». Et lui, il m’a répondu : « Cette année, tu vas jouer deux-trois matchs déjà, ça va être bien ». Moi, je lui ai rétorqué : « Je vais faire 30 matchs ! ». Et lui a insisté : « Tu ne peux pas ». Il ne croyait pas beaucoup en moi, mais ce n’était pas grave, j’avais confiance en moi, j’étais concentré. Au final, j’ai joué 30 matchs et je suis parti (sourire). 

Tu étais sous contrat professionnel. Qu’as-tu fait avec ton premier salaire ? 

J’ai aidé directement ma famille. Je leur ai tout donné. Je leur ai dit : « Faites-vous plaisir ou faites des travaux pour la maison ». C’était important pour moi de faire ce geste. Après avoir fait ça, j’étais hyper content. Encore aujourd’hui, j’aide ma famille, c’est normal. Je veux que tout le monde soit à l’aise. 

Nice

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Icon Sport

Comment s’est opérée ton arrivée à Nice ? 

Julien Fournier a échangé avec mon agent. Il lui a présenté les ambitions du club, le projet que le club mettait en place et ce qu’il voulait faire de moi. Il lui a expliqué qu’il avait apprécié mes qualités et qu’il était persuadé que je pouvais bien progresser à l’OGC Nice. Julien savait que le club pouvait me faire franchir un cap et apporter un réel plus à mon jeu.

Comment as-tu tapé dans l’œil de l’OGC Nice ? 

Je ne pourrais pas te dire exactement. Je n’ai toujours pensé qu’à une chose : le terrain. C’est mon agent qui s’occupait de tout ça. Je sais que tout s’est accéléré après la victoire à la CAN 2019. Je crois que le club m’avait déjà repéré et que mes performances avec la sélection m’ont aussi aidé.

Comment as-tu réagi quand tu as su que Nice était intéressé ? 

J’ai été immédiatement emballé. Quand mon agent m’a informé de l’intérêt de Nice, je voulais prendre l’avion et signer (sourire). Le projet donnait vraiment envie. Et puis, j’attendais ce moment depuis tellement longtemps, c’était un rêve qui se réalisait. Quand j’ai annoncé la nouvelle à mes proches, ils avaient peur pour moi. C’est vrai que j’avais déjà quitté la maison à 11 ans pour aller au Paradou, mais j’étais encore en Algérie. Là, j’étais sur le point de quitter le pays. Quand ils ont su que j’allais être avec Youcef (Atal), ma famille était rassurée. En plus, j’avais déjà discuté avec lui, il m’avait dit du bien de l’OGC Nice, que je n’allais pas me retrouver seul, que le club et lui allaient m’aider. 

Avant de signer à Nice, connaissais-tu la ville ? 

Je connaissais le club parce que Youcef jouait ici. Par contre, je ne connaissais pas la ville. Quand je suis arrivé, j’ai découvert une belle ville. Et surtout, j’ai retrouvé la même température qu’en Algérie. J’ai tout de suite accroché avec la ville, le cadre de vie et le climat.

Es-tu d’accord pour dire que Youcef Atal a ouvert les portes de l’Europe aux jeunes algériens ? 

Oui, je suis d’accord, Youcef a ouvert la porte. À l’académie, on voulait tous faire comme Youcef. Après, il ne faut pas oublier le premier du Paradou à s’être imposé en Europe : Ramy Bensebaini. 

Quelles sont les différences entre la France et l’Algérie ? 

En France, les entraînements sont intensifs, il y a beaucoup d’impact et de travail physique. En Algérie, tout tourne autour de la technique. Concernant mon quotidien, c’est différent. En Algérie, la famille et mes potes venaient régulièrement me rendre visite, j’étais à l’aise. Ici, je vais au foot et après, je rentre à la maison, je n’ai pas le temps de faire grand chose. Je sors de temps en temps, mais c’est rare, surtout ces derniers mois. Ma famille me manque forcément, mais on fait avec. Quand je suis arrivé à Nice, je vivais avec Youcef, j’avais besoin de lui pour m’adapter, je ne connaissais pas la ville, les routes, tout ça. Maintenant, je vis seul. J’ai pris un cuisiner et une femme de ménage. 

Tous les joueurs de l’OGCN sont élogieux envers toi. Ils disent tous la même chose : « Boudaoui est la pépite du club ». Qu’as-tu à leur répondre ? 

C’est gentil. Je fais tout à fond, c’est pour ça qu’ils disent ça. Quand j’entre sur le terrain, je donne tout. Savoir que les autres remarquent mes efforts, ça me fait plaisir. Ça me gêne un peu aussi. Je n’aime pas tirer la couverture sur moi. D’ailleurs eux aussi, ce sont de très bons joueurs. 

Qu’est-ce qui te plait ici ? 

Je ne manque de rien ! Au club, tout est mis en place pour réussir. Si tu travailles, tu restes sérieux, tu écoutes les entraineurs, tu ne peux que y arriver. Si tu te loupes, c’est de ta faute, ça veut dire que tu n’as pas tout donné. 

Comment juges-tu le niveau de la Ligue 1 ?

Au début, les gens disaient que j’étais frêle. Mais c’est normal, le championnat de France est physique. Moi, j’arrivais d’Algérie, je n’avais jamais travaillé le physique, je n’allais pas en muscu par exemple. J’ai bien bossé aux entraînements, je me suis adapté, j’ai pris la mesure du niveau du championnat de France. J’ai pris le rythme tout simplement. Voilà pourquoi mes débuts ont été difficiles, il fallait que je gère le changement de championnat et de niveau. C’était ma première année à l’étranger, il me fallait un peu de temps. 

Comment as-tu travaillé physiquement pour résister aux chocs ? 

Comme je te disais, je n’avais jamais été en salle de ma vie avant de venir à Nice. J’avais un programme à respecter, j’allais régulièrement faire ma muscu. La saison passée, j’étais un peu frêle. Maintenant, je suis mieux physiquement. 

Qu’as-tu appris avec Patrick Vieira ? 

Patrick Vieira cherchait toujours à me mettre en confiance. Il me répétait souvent : « Reste comme ça ! Tu es un joueur intelligent, continue à jouer avec ta tête et joue ton football ! ». Quand ça n’allait pas, il me disait : « Ne t’en fais pas, ça va venir avec le temps, tu vas gagner en confiance et être bon ». 

Avant de signer à Nice, connaissais-tu Patrick Vieira ? 

Je connaissais son nom, je savais que c’était un grand joueur, mais je ne l’avais pas vu jouer. Comme je savais que ça allait être mon entraîneur, j’ai fait des recherches sur lui (sourire). 

Personnalité 

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel

Peux-tu présenter Hicham Boudaoui ? Qui est-il vraiment ?

Un mec sérieux, travailleur et à l’écoute des conseils. Je suis très casanier. De temps en temps, je passe un moment avec les partenaires du vestiaire, surtout Youcef (Atal). Sinon, je regarde beaucoup la télé. J’aime me poser devant le foot ou devant les séries algériennes. Je kiffe « Achour El Acher », c’est un téléfilm algérien, je l’ai vu 4 ou 5 fois (il éclate de rires). C’est une série qui raconte le quotidien des Algériens, comment on vit en Algérie, j’aime beaucoup car elle reflète vraiment la réalité. Quand je regarde cette série, ça me replonge en Algérie. J’aime bien la Casa Del Papel aussi. 

Qu’est-ce qui te manque le plus ? 

Les plats de ma maman (sourire). Je ne pourrais pas te citer un plat en particulier, car j’aime tout ce qui vient d’elle. Actuellement, j’ai un cuisinier qui est directement en contact avec la nutritionniste du club. Je suis le programme. Mais de temps en temps, je sors, je me fais un petit resto en ville. J’aime beaucoup la viande rouge. 

Tu as toujours été discret. Penses-tu que tu vas t’ouvrir avec le temps ? 

Non, je n’ai pas de raison de changer. Je vais rester comme je suis. 

Contrairement à toi, Youcef Atal est beaucoup plus expressif… 

Oui, c’est sa manière d’être. Moi, je n’ai pas envie de changer, je vais toujours rester calme. Je suis bien comme ça. Bon, quand je suis avec ma famille, je suis beaucoup plus ouvert, je rigole plus, je parle plus. Mais c’est normal, comme je ne les vois pas beaucoup, je profite à fond du moment. 

Pourquoi ta famille ne vit pas avec toi à Nice ? 

J’aimerais bien. Mais ma famille ne peut pas venir, mon père est malade. Il ne peut pas voyager. Ma mère veut rester auprès de lui. Dès que j’ai des vacances, je passe du temps avec eux. 

Tu viens du désert algérien. Que gardes-tu de tes origines ? 

Si je suis comme ça aujourd’hui, c’est grâce à tout ce que j’ai appris à Bechar, aux valeurs qu’on m’a inculquées : le respect des autres, ne pas faire de mal aux gens, l’entraide, le dépassement de soi, être à l’écoute des paroles des anciens et surtout la prière. 

Après chaque victoire de l’Algérie, les Algériens aiment faire la fête. En France, c’est mal vu parfois. Qu’en penses-tu ? 

Le peuple algérien est à fond derrière le pays. On est un peuple joyeux qui aime la fête ! C’est pour ça qu’après chaque victoire, tout le monde sort. Ils sortent même avant la fin du match (rires). Moi-même quand j’étais petit, j’aimais sortir pour fêter les victoires de la sélection. 

Je parie que là, tu n’étais plus très calme… 

Quand l’Algérie gagne, personne n’est calme (il éclate de rires). Je sortais dehors avec mon drapeau et je chantais toute la soirée. Après je rentrais et je dormais direct. Nous sommes un peuple fier. On aime beaucoup notre pays. 

Style de jeu

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel

Comment définirais-tu ton jeu ? 

Je pense être un joueur intelligent. Quand j’entre sur le terrain, je donne tout, je ne calcule pas mes efforts. Et parfois, je peux passer pour un joueur agressif. 

Tu as déjà évolué sur un côté et dans l’axe. Où te sens-tu le mieux ? 

Le coach Vieira m’avait mis un côté pour que j’apprenne, pour ne pas me mettre directement dans le cœur du jeu. Quand j’ai été remis au milieu, je me suis tout de suite senti à l’aise. Je préfère évoluer au milieu, j’aime beaucoup ce poste, je sais ce que je dois faire.

Qu’aimes-tu faire sur le terrain ? 

Sur le terrain, j’aime tout faire : défendre, attaquer, distribuer, demander entre les lignes… Quand j’entre sur le terrain, je suis un nouvel homme. 

Dans la vie de tous les jours, tu es très discret. Et sur le terrain, tu es très expressif. Comment expliques tu cela ? 

On peut dire que je me transforme un peu (sourire). Quand j’entre sur le terrain, un autre Hicham apparaît. Le Hicham timide reste au vestiaire, en dehors du terrain. Sur le terrain, je suis différent. Je suis un Hicham déterminé qui veut absolument réussir. J’aime trop le foot, je donne tout ce que j’ai sur le terrain. 

Comment réagis-tu après une défaite ? 

Après une défaite, je ne dors pas. J’aime trop gagner. C’est impossible de dormir. Je reste allongé dans mon lit, je repense aux actions du match, à mes passes ratées ou à mes mauvaises décisions. Je me refais le match toute la nuit en cogitant. 

Que dois-tu améliorer ?

Je veux me montrer plus décisif, devenir meilleur devant le but, meilleur dans la dernière passe, avoir une meilleure frappe et surtout être meilleur dans les 30 derniers mètres. 

Peux-tu présenter le milieu de terrain parfait ?

Il ne rate aucune passe, il est juste dans tous ses choix, il met ses partenaires dans les meilleures conditions, il fait la différence sur des petits détails comme les contrôles, il équilibre le jeu au milieu, impose son tempo, défend bien pour récupérer des ballons et aider son équipe. 

Qui sont tes exemples ? 

Avant, j’aimais beaucoup Paul Pogba. Il a un style différent, tu peux le voir agressif, mais aussi très technique. Maintenant, je suis sous le charme de Ngolo Kanté. À l’époque, je ne le connaissais pas, je ne connaissais que Pogba. Mais depuis que je connais Kanté, je n’arrête pas de le regarder (sourire). C’est un très gros travailleur. 

Fais-tu attention à ton image ? 

J’aime être propre. Je prends soin de moi, j’aime renvoyer une bonne image. Je vais régulièrement chez le coiffeur. Par moments, j’ai des envies et je vais faire les boutiques, ça dépend de mes humeurs. 

Quelle est ta relation avec ta maman ? 

Elle est tout pour moi. Je l’appelle tous les jours par Facetime. Elle regarde mes matchs, mais elle ne finit jamais. Elle a peur pour moi. Par contre, mon père regarde tout. Et après le match, il refait le match (rires). Il ne me parle jamais vraiment de football, il ne rentre pas dans les détails. Il me soutient seulement. Si je gagne, il me dit « Bravo », si je perds, il me dit : « Tu feras mieux la prochaine fois ». Quand j’ai gagné la CAN, il était trop content. C’était une fierté pour lui qui aime trop le foot de voir son fils devenir champion d’Afrique. 

Sélection 

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Icon Sport

Passons à la sélection algérienne. Peux-tu parler du sélectionneur Djamel Belmadi ? Penses-tu qu’il fait partie des meilleurs entraîneurs du moment ? 

Djamel est un très bon entraîneur. Il sait comment parler aux joueurs, il communique bien avec nous. J’aime beaucoup sa manière de travailler. Et oui, au vu du travail accompli avec l’Algérie, je pense qu’il fait partie des meilleurs entraîneurs. L’Algérie n’avait pas gagné depuis tellement longtemps, et lui, dès son arrivée, il a permis au pays de remporter un titre. On a aussi une longue série d’invincibilité avec lui. 

Que penses-tu de Riyad Mahrez ?

J’aime trop le style de Riyad Mahrez. C’est un très, très grand joueur, il a des qualités de fou ! Ses crochets sont incroyables. Il réalise une saison incroyable, c’est une fierté pour l’Algérie. C’est le deuxième Algérien après Rabah Madjer à atteindre la finale de la Ligue des Champions. C’est beau. Et en plus d’être un top joueur, c’est un bon gars. De temps en temps, il aime bien me taquiner, mais il évite car il sait que je suis timide. À l’entraînement, quand on joue en deux touches, il fait tout pour me sortir du jeu, car il sait que je suis fort à ce jeu (rires). J’ai une bonne relation avec lui.  

Tout le monde dit que vous êtes la plus belle génération du football algérien. Es-tu d’accord ?

La génération 82 a également réalisé de grandes choses. C’est grâce à eux qu’on en est là aujourd’hui. Il ne faut jamais les oublier. On continue juste leur travail. Pour répondre à ta question, oui, on est une belle génération.  

Comment se faire une place dans cette sélection ?

Il faut travailler dur, travailler plus que les autres, écouter le sélectionneur, répondre à ses attentes tout en restant sérieux. 

Conclusion

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Hicham BoudaouiCredit Photo - Christophe Négrel

As-tu des rêves ?

Tous les joueurs ont des rêves. J’ai envie de gagner des titres, jouer de grandes compétitions, évoluer dans les plus grands championnats. En dehors du foot, je rêve d’avoir une femme, des enfants, une belle vie de famille (sourire). 

Si tu avais un super-pouvoir, tu choisirais lequel ? 

Celui de me faire gagner la Coupe du Monde (rires). Ou sinon, la téléportation pour visiter ma famille en Algérie ou la faire venir en un claquement de doigts. 

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Hicham Boudaoui ?

Je lui demanderais : « Es-tu heureux d’être footballeur ? ». Et je répondrais : « Oui, je suis très content d’avoir réussi à réaliser mon rêve et de vivre de ma passion ».   

Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?

« La chance aide parfois, le travail toujours ». En gros, la chance peut te permettre de faire certaines choses, par contre, le travail paie toujours. 

Tu te mettrais combien pour cette interview ? 

Je me mettrais 7 sur 10, car j’ai énormément parlé, je n’ai jamais autant parlé. J’ai bien progressé cette année. Je n’ai parlé qu’en français quasiment. Je ne suis pas un grand fan des interviews, mais de temps en temps, j’aime bien. Aujourd’hui, je me sentais bien donc c’était plus facile pour moi (sourire). 

Podcast Men's Up Life
 

Pour résumer

Avant de démarrer l’interview, Hicham Boudaoui repasse chez lui pour se changer. Désireux de ne pas faire l’entretien en survêtement, l’international algérien enfile un jean et se présente avec un sourire timide. Discret et réservé, le milieu de terrain de l’OGC Nice a forcé sa nature pour se dévoiler. Preuve de son intégration, la pépite niçoise a tenu à réaliser l’interview en français (avec quelques mots d’arabe). Pour la séance photo, le Fennec se lâche complètement : « Je tiens à faire le signe M avec mes doigts pour ma maman ». Discussion avec un homme épanoui.

Rafik Youcef
Rédacteur
Rafik Youcef

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